"Qui n’hésite pas, n’a pas peur, avant d’affronter ce qu’il ne connaît pas encore, ce qu’il ignore? La peur, l’hésitation, le trouble : c’est ce que doit ressentir Ksénia Sic avant d’esquisser la plupart de ses portraits.

 

Son trait primaire, chancelant au début, se fait de plus en plus sûr, convaincant, au fur et à mesure que la toile se recouvre d’une acrylique bouleversante et agitée. Car devant ses portraits, pris sur le vif, photographies anonymes, notre peintre s’interroge. « Croquer des gueules » n’est sûrement pas l’intention profonde de Ksénia Sic.

 

Lorsque l’on appréhende ses toiles, l’apaisement et la plénitude sont des sentiments inconnus, du moins pour le plus grand nombre et de prime abord. Ce qui nous dérange, c’est qu’elle ne se contentera jamais de singer nos expressions, nos caractéristiques physiques, mais plutôt de sonder notre âme en profondeur. Notre chère âme, bien souvent supposée tourmentée et désorientée par l’artiste, se retrouve comme violée, retranscrite avec une telle conviction tumultueuse sur la toile qu’elle ne peut que nous renvoyer à nos angoisses et dénis identitaires les plus profonds.

 

J’entends d’ici vos réactions : d’une part, comment cette peintre peut elle être si sure et convaincue de nos pensées les plus intimes, et, d’autre part, comment, dès lors que ses toiles ne peuvent que nous renvoyer nos propres perturbations, pouvons nous vivre avec une telle œuvre ?

 

Ce qu’il nous faudrait voir, c’est que Ksénia Sic ne peint pas l’individualité, mais l’humanité dans son ensemble à travers chacune de ses toiles. Chaque portrait de sa main nous renseigne, par une représentation de l’Homme, de l’omniscience du pathos humain. L’universalité sentimentale ne s’exerce que trop rarement  dans la joie et la félicité. Ce que peint Ksénia Sic, c’est l’empathie humaine, qui nous rassure chaque jour sur ce sentiment commun de désarroi, ce questionnement quotidien du bonheur enfuit et perdu. On peut être rassuré finalement, se sentir moins seul au monde et abandonné, au milieu des œuvres de Ksénia. Peut être se sentir enfin compris.

 

Apaisement et plénitude disions nous…"

 

 

 

Galerneau François